Retrouver son entrain en gérant son anxiété

Comment une femme a repris sa santé mentale en main grâce à un nouveau service gratuit pour tous les Ontariens admissibles 

par Patrick Jodoin, avec traductrice Catherine Laliberté

C’était la « journée photo » dans les bureaux du gouvernement fédéral à Ottawa, où Annie Dodds* travaille à temps plein, mais Annie n’a pas pu aller à son rendez-vous ce jour-là.

Annie a ensuite appris qu’une reprise des photos pour tous les employés absents aurait lieu à la cafétéria sur l’heure du dîner.

Pour certaines personnes, un tel scénario est une belle occasion d’accomplir une tâche un peu futile, mais nécessaire : on se rend à l’endroit désigné, on se fait prendre en photo et on mange une bouchée entre amis. Mais pour d’autres, la seule idée de se faire photographier devant tous les collègues – et dans une cafétéria bondée – est plus que suffisante pour générer de l’anxiété.

C’était le cas d’Annie.

« Je suis entrée, dit-elle, puis je suis immédiatement ressortie et j’ai eu une crise de panique. »

Annie, 40 ans et mère de deux enfants, savait qu’elle devait régler les problèmes de santé mentale qui minaient son quotidien, mais elle ne pouvait imaginer un scénario où elle aurait le temps d’y remédier.

Donc naturellement, quand elle a reçu quelques mois plus tard un dépliant du programme Retrouver son entrain, elle a tout de suite su qu’elle avait trouvé la solution à son problème.

Retrouver son entrain est un programme de développement des compétences conçu pour aider les adultes et les adolescents de 15 ans et plus à gérer leurs symptômes de dépression ou d’anxiété. Ce service gratuit comprend un accompagnement par téléphone (supervisé par des psychologues cliniciens) et des cahiers d’exercices, en plus d’un accès à une série de vidéos utiles.

« J’ai regardé le programme et je me suis dit, “cela pourrait m’aider” », se rappelle Annie. Le jour où elle a reçu le dépliant, Annie participait à un événement soulignant la Journée internationale de la fille avec sa fille de 10 ans – une merveilleuse occasion et une pause de tout le stress et l’anxiété qu’elle vivait. Elle a alors remarqué un kiosque de la division Champlain Est de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM).

C’est là qu’elle a rencontré Angele D’Alessio, une employée de l’ACSM aujourd’hui coordonnatrice du programme Retrouver son entrain, et un lien s’est instantanément créé.

« En parlant avec Annie, j’ai tout de suite vu qu’elle semblait dépassée et stressée par les défis de sa vie quotidienne, raconte Angele. Je me suis dit qu’elle ferait une bonne candidate puisque le programme est idéal pour les gens qui veulent amener des changements positifs dans leur vie. »

Comme le lui avait conseillé Angele, Annie a apporté le dépliant du programme Retrouver son entrain à son prochain rendez-vous avec son médecin de famille. Celui-ci a pris connaissance du programme et a convenu que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) offerte serait idéale pour Annie. Il a ensuite fait une demande d’aiguillage.

Annie obtiendrait ainsi rapidement l’aide dont elle avait besoin, sans avoir à se rendre à des rendez-vous ou à intégrer des séances de thérapie dans son horaire.

Peu de temps après, Annie a été aiguillée vers un accompagnateur Retrouver son entrain pour obtenir de l’orientation et a reçu sa série de cahiers d’exercices. Elle a choisi la version papier étant donné qu’elle est visuelle et qu’elle préfère apprendre en touchant.

En plus des conversations avec son accompagnateur, Annie a rempli les cahiers d’exercices pendant son « temps juste pour maman » qu’elle s’était réservé au cours d’une semaine en particulier.

Elle a rapidement mis en pratique ce qu’elle apprenait et a revu le matériel avec son accompagnateur toutes les trois semaines, une décision qu’ils avaient prise ensemble. Pendant leurs appels, Annie et son accompagnateur évaluaient son humeur et son état d’esprit. Au fil du temps, son accompagnateur a suivi sa progression et lui a offert des conseils adaptés à sa situation.

« Il se souciait vraiment de moi et il était empathique face à ce que je vivais, dit-elle. Il a vraiment été incroyable. »

Le premier cahier d’exercices l’a tellement aidée qu’Annie en a rempli 10, qu’elle a ensuite passés en revue avec son accompagnateur – le programme en propose 20. Elle y a découvert toutes sortes d’outils qui lui ont permis de mieux gérer son anxiété.

Les cahiers d’exercices lui ont fourni les compétences nécessaires pour prendre conscience des éléments qui provoquent des réactions de colère chez elle, ce qui lui a permis de mieux les gérer. En fait, elle dit qu’elle a découvert que les leçons du programme Retrouver son entrain s’appliquent très bien dans son quotidien. Annie a particulièrement aimé l’analyse fournie à la fin de chaque volume, où le modèle Five Areas (en anglais seulement) lui a permis d’appliquer les leçons dans sa vie de tous les jours.

« Avant, j’étais souvent en colère, je réagissais mal à certaines situations et ça me mettait de mauvaise humeur, explique-t-elle. Ce programme a complètement changé ma façon de gérer ma vie. Maintenant, je pense aux cinq points [du modèle Five Areas] avant de réagir… et cela a beaucoup changé mes relations. »

Depuis qu’elle a terminé le programme, Annie est devenue une championne de l’approche Retrouver son entrain. Elle parle à tout son entourage de la profonde influence que ce programme a eue sur elle – y compris à ses collègues, avec qui elle dîne maintenant dans la même cafétéria qui lui a autrefois fait vivre tant d’anxiété.

« Ce programme a changé ma vie, estime-t-elle. Je suis convaincue qu’il peut changer celle de nombreuses autres personnes. Je dis à tous ceux que je connais que ce programme peut aussi les aider. J’espère qu’il les aidera comme il m’a aidée. »

Elle dit continuer de souffrir d’anxiété, mais qu’elle est maintenant outillée pour la gérer. Elle a également tenu Angele au courant de ses progrès :

« Annie a terminé Retrouver son entrain et est maintenant ambassadrice du programme, mentionne Angele. Elle croit que les stratégies qu’elle a apprises ont changé sa vie. Je ne l’ai presque pas reconnue quand je l’ai vue pour la dernière fois : elle était souriante, sociable et

beaucoup plus détendue que la première fois où je l’avais rencontrée plusieurs mois auparavant. »

« Pour moi, il est évident que Retrouver son entrain peut transformer des vies, ajoute-t-elle, mais tout commence avec des gens comme Annie qui veulent retrouver leur entrain et reprendre leur santé en main! »

* Un pseudonyme a été employé pour conserver l’anonymat d’Annie.

Merci à Angele D’Alessio, Regional Stakeholder Engagement Coordinator, BounceBack