Menu
Close
La santé mentale au Canada ? Son état est préoccupant, selon un nouveau rapport de l’Association canadienne pour la santé mentale
20 novembre 2024
Notre système de santé mentale ne répond pas aux besoins des gens. Le nouveau rapport de l’ACSM s’appuie sur des données qui le confirment, et les personnes qui ont recours au système de santé canadien le constatent également
Dans un rapport unique en son genre, l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) propose une analyse approfondie du système de santé mentale au Canada – avec ses lacunes et ses échecs – et sur l’état de la population dans chaque province et territoire. Ce qu’il révèle est troublant.
L’une des conclusions du rapport L’état de la santé mentale au Canada 2024 est qu’aucun des gouvernements provinciaux et territoriaux ne consacre assez de fonds à la santé mentale, en partie parce que ce n’est pas obligatoire. En moyenne, ceux-ci ne consacrent que 6,3 % de leur budget global de santé à la santé mentale, ce qui positionne le Canada à la traîne derrière plusieurs pays (15 % en France, 11 % en Allemagne, et 9 % au Royaume-Uni et en Suède). Ce pourcentage n’atteint même pas la cible des dépenses fixée par le gouvernement fédéral dans sa propre stratégie désuète en matière de santé mentale.
En 2024-25, l’Ontario dépensera environ 2 milliards de dollars pour la santé mentale, ce qui représente 5,9 % du budget global de la santé (contre une moyenne nationale de 6,3 %).
Ce rapport approfondi présente un total de 24 indicateurs relatifs à l’état de la santé mentale au Canada, portant notamment sur le montant des dépenses consacrées aux soins, les taux de suicide et les niveaux de discrimination à l’encontre des personnes aux prises avec des préoccupations liées à la santé mentale, le tout ventilé par province et par territoire.
Les statistiques les plus récentes dans le rapport montrent que la santé mentale de la population canadienne est trois fois plus précaire qu’avant la pandémie, et que des millions de personnes ne parviennent pas à obtenir les soins dont elles ont besoin.
En outre, « l’endroit où quelqu’un réside est déterminant », déclare Leyna Lowe, Ph. D., analyste principale nationale en recherche et politiques de l’ACSM, et autrice principale du rapport. Elle ajoute : « Le rapport nous indique que les gens reçoivent des soins radicalement différents selon leur province ou territoire de résidence, que leur situation est particulièrement précaire dans certains endroits du Canada, dont les régions nordiques et rurales, et que la détresse est particulièrement importante au sein des populations autochtones et racisées. »
Dans l’état actuel des choses, l’accès aux soins de santé mentale au Canada est souvent un privilège, alors qu’il devrait s’agir d’un droit fondamental.Le rapport de l’ACSM montre que des millions de personnes ayant besoin d’aide n’en bénéficient pas; une réalité alarmante aux conséquences bien concrètes.
« J’ai été hospitalisée parce que j’avais des idées suicidaires. Le seul objectif de l’hôpital était de m’empêcher de passer à l’acte, et non de faire en sorte que j’obtienne de l’aide ou du soutien par la suite pour aller à la racine du problème », raconte Caroline, membre du Conseil national des personnes ayant une expérience vécue de l’ACSM. « Aucun suivi n’a été effectué une fois que je suis sortie de l’hôpital. On m’a juste souhaité bonne chance et donné une carte professionnelle sur laquelle étaient inscrits quelques numéros de téléphone. », ajoute-t-elle.
« À l’ACSM Ottawa, notre expérience est similaire à celle que nous observons dans toute la province de l’Ontario et, en fait, dans tout le Canada », a déclaré le Dr Susan Farrell, directrice générale de l’ACSM Ottawa. « Nous avons observé une continuelle pénurie de personnel dans le secteur, combinée à une aide financière insuffisante pour les personnes les plus marginalisées de notre communauté, aux effets décourageants de la stigmatisation et à la montée d’un discours dangereux sur la réduction des méfaits et les dépendances et leurs conséquences réelles. Nous avons également vu une escalade de la crise des opioïdes et une augmentation de la toxicité des drogues en circulation, l’itinérance chronique et une pénurie de logements, des maladies mentales graves et persistantes et d’innombrables facteurs de stress dans la vie quotidienne des gens que nous servons. »
Cependant, L’état de la santé mentale au Canada 2024 met également en lumière des innovations prometteuses, comme les soins de santé mentale universels financés publiquement en Nouvelle-Écosse, les investissements considérables liés à la promotion de la santé mentale en Colombie-Britannique, le traitement des dépendances en Alberta, les équipes mobiles d’intervention en situation de crise dans trois provinces ainsi que le personnel auxiliaire inuit fournissant des soins culturellement adaptés au Nunavut. Grâce à une série de recommandations concrètes, ce rapport donne aux décisionnaires une feuille de route pour améliorer les soins de santé mentale.
À l’ACSM Ottawa, notre filiale est l’un des plus importants fournisseurs de logements d’abord au Canada. Les différents programmes et services offerts à l’ACSM Ottawa fournissent un terrain fertile pour la réalisation d’importants projets de recherche et d’évaluation qui contribuent de façon durable au secteur des services de santé mentale et de traitement des dépendances.
Chaque année, nos clients, nos employés de première ligne, nos gestionnaires de programmes, nos hauts dirigeants et nos pairs-experts travaillent avec des étudiants dans le cadre de projets de recherche et d’évaluation et de stages cliniques. Ces projets aident à orienter les politiques de santé locales; améliorent les soins de l’ACSM Ottawa et d’autres organismes; donnent aux personnes ayant une expérience vécue l’occasion de participer à l’élaboration d’interventions efficaces; renforcent les capacités du personnel grâce à l’utilisation d’outils fondés sur des données probantes et à la mise en œuvre de pratiques fondées sur des données probantes; forment les professionnels de demain; contribuent à notre compréhension des facteurs socio-environnementaux qui affectent les inégalités que vivent les gens que nous servons.
« La santé mentale a été profondément négligée par le système de soins de santé universels, et ce, depuis la mise en place de l’assurance-maladie il y a quarante ans », affirme Sarah Kennell, directrice nationale des politiques publiques à l’ACSM. « Six gouvernements fédéraux consécutifs ne sont pas parvenus à rendre les soins de santé mentale gratuits et universels, et ce sont les Canadiennes et les Canadiens qui en font les frais – parfois en le payant de leur vie. »
L’ACSM demande au gouvernement fédéral d’inclure les soins de santé mentale dans la législation fédérale. Le gouvernement fédéral doit également accorder la priorité à la santé mentale et au bien-être de la population canadienne en investissant 12 % des dépenses de santé dans les services en matière de santé mentale, de dépendance et d’utilisation de substances. Ce faisant, nous promouvons un avenir où les soins de santé mentale sont traités comme un droit fondamental pour tous et toutes.
Afin d’en savoir plus sur le rapport et sur l’état de la santé mentale dans votre communauté, veuillez consulter le www.acsm.ca/edsm.
Statistiques clés du rapport L’État de la santé mentale au Canada 2024 :
- En moyenne, les provinces et les territoires ne consacrent que 6,3 % de leur budget global de santé à la santé mentale. Cette partie du budget devrait être de l’ordre de 12 %.
- Au Canada, 2,5 millions de personnes ayant des besoins de santé mentale ont déclaré ne pas recevoir des soins adéquats. C’est à peu près l’équivalent des populations du Manitoba et de la Saskatchewan réunies.
- Au Canada, les gens sont trois fois plus nombreux à déclarer avoir une santé mentale « mauvaise » ou « passable » par rapport à avant la pandémie (26 % en 2021 contre 8,9 % en 2019).
- Fait alarmant : 38 % des personnes autochtones ont déclaré avoir une santé mentale « mauvaise » ou « passable ».
- Cinquante-sept pour cent (57 %) des jeunes (de 18 à 24 ans) qui présentaient des signes précoces de trouble mental ont déclaré que le coût était un obstacle à l’obtention de services de santé mentale.
- Seulement 50 % des personnes ayant une incapacité liée à la santé mentale sont en emploi, et une grande proportion de celles qui n’ont pas d’emploi dépendent de mesures de soutien du revenu qui les maintiennent dans la pauvreté.
- Le Canada ne parvient pas à collecter des informations essentielles sur le système de santé mentale et sur la santé mentale de la population, alors que la qualité et la couverture des données existantes varient d’un endroit à l’autre au pays.
La succursale d’Ottawa de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM Ottawa) est un organisme communautaire indépendant à but non lucratif qui fournit des services à des personnes admissibles de la région d’Ottawa ayant des maladies mentales graves et persistantes et/ou des troubles de toxicomanie, dont de nombreuses personnes sans abri ou logées de façon précaire. L’ACSM Ottawa se consacre à promouvoir une bonne santé mentale, à élaborer et mettre en œuvre des réseaux et des services de soutien durables ainsi qu’à encourager l’action publique en vue d’améliorer les services de santé mentale et les politiques et la législation connexes à l’échelle communautaire.
Pour les demandes des médias :
Patrick Jodoin, gestionnaire, Communications et relations avec les intervenants, ACSM Ottawa
613-737-7791, poste 135
[email protected]