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Accroître l’accès aux interventions de réduction des méfaits pendant la pandémie de COVID-19 : les filiales de l’ACSM Ontario soutiennent les approches d’approvisionnement plus sûr

Le réseau de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) est composé de 28 filiales réparties dans toute la province, qui fournissent des services communautaires cliniques et sociaux aux Ontariens et Ontariennes souffrant de problèmes de santé mentale et de dépendance. Toutes les filiales de l’ACSM travaillent dans un cadre de réduction des méfaits qui vise à soutenir les personnes ayant des problèmes de dépendance et à les mettre en contact avec les services. Nos filiales offrent un soutien complet, notamment des cliniques d’accès rapide aux traitements des dépendances, des programmes de lutte contre les dépendances chez les jeunes, des programmes de gestion de l’alcool et un large éventail de services de réduction des méfaits et de consultation et soutien en matière de consommation de substances pour les patients externes.

C’est dans cette perspective que notre réseau de filiales de l’ACSM Ontario souhaite exprimer son soutien à des approches d’approvisionnement plus sûr en opioïdes en Ontario.

L’Ontario est en crise de surdoses d’opioïdes depuis plusieurs années, le nombre de décès ne cessant d’augmenter. En 2019, notre province a connu les pires effets de cette situation, enregistrant alors le plus grand nombre de décès par surdose d’opioïdes au pays : 1 509.1 En outre, en raison de la présente pandémie, nous assistons à une aggravation des urgences de santé publique : les effets multiples et mortels de la COVID-19, en plus d’une augmentation importante des surdoses d’opioïdes, en grande partie due à un approvisionnement en drogues de plus en plus toxiques. Depuis le début de la pandémie de COVID-19 en mars jusqu’en juin, on a constaté une augmentation de près de 40 pour cent des décès liés aux opioïdes. Si les tendances actuelles des données se poursuivent, 2 271 décès liés aux opioïdes surviendront en 2020, ce qui en fera l’année la plus tragique jamais enregistrée.2

Il est essentiel que les approches en matière de consommation de substances et de réduction des méfaits, y compris les initiatives d’approvisionnement plus sûr en opioïdes, soient intensifiées, afin de fournir des services et du soutien aux usagers de drogues en Ontario.

SOS : approvisionnement plus sûr en opioïdes est une approche qui vise à sauver des vies grâce à des doses sûres de médicaments opioïdes fournies par un professionnel de la santé, comme alternative aux sources contaminées de drogues non réglementées, qui sont actuellement accessibles dans la rue.3 L’approvisionnement plus sûr en opioïdes offre aux personnes qui n’auraient pas répondu à d’autres formes de traitement une alternative médicale plus sûre fournie par un prescripteur agréé. Ces programmes visent également à mettre les personnes en contact avec des services de santé et de soutien psychosocial, qui pourraient être plus difficiles d’accès pendant la pandémie de COVID-19.4 L’approvisionnement sûr et autres initiatives de réduction des méfaits s’inscrivent dans un vaste continuum de programmes de lutte contre les dépendances visant à soutenir les Ontariens et Ontariennes qui consomment des substances en minimisant leurs risques et en leur offrant un accès à faible barrière aux services de soutien. En Ontario, plusieurs modèles d’approvisionnement plus sûr en opioïdes existent actuellement et sont principalement situés dans des centres de santé communautaires, où, en plus des soins primaires, les clients peuvent également être mis en contact avec un large éventail de services de soutien psychosocial. Alors que les données à l’appui de ces modèles se font jour, les données préliminaires montrent que les programmes d’approvisionnement plus sûr en opioïdes réussissent à atténuer les méfaits et à soutenir les personnes qui courent un risque imminent de décès en raison d’un approvisionnement en drogues toxiques.56

Bien que plusieurs facteurs contribuent à la crise de surdoses, l’exposition aux substances toxiques sur un marché non réglementé (illicite) est le principal facteur de décès par surdose en Ontario. Le fentanyl et ses analogues se sont avérés être la principale cause de surdoses et de décès liés aux opioïdes. Les personnes qui achètent des substances dans la rue peuvent consommer du fentanyl à leur insu, provoquant des surdoses chez des personnes qui ignorent peut-être qu’elles consomment des opioïdes à forte concentration.7 Les recherches indiquent que la grande majorité des décès (87 pour cent) sont attribuables au fentanyl et que presque tous les décès (96 pour cent) sont accidentels.8 Ainsi, ce que l’on appelle communément une crise de surdoses est en fait mieux décrit comme une crise d’empoisonnements aux drogues.9

Les partisans d’un approvisionnement plus sûr font référence à la manière dont le gouvernement contrôle et distribue l’alcool, le tabac et le cannabis, par exemple, et suggèrent que le fait de traiter d’autres substances de la même manière — en fournissant un approvisionnement sûr réglementé — pourrait réduire le nombre de décès par surdose.10 Le but d’un approvisionnement plus sûr est de fournir aux usagers un moyen moins risqué d’accéder à ce qu’ils recherchent lorsqu’ils consomment des drogues illicites, tout en réduisant leur risque de décès et en les engageant dans un service social et de santé global. Cela est de plus en plus important, car nous savons que les personnes qui consomment des drogues illicites continuent d’être stigmatisées et criminalisées, ce qui peut les marginaliser par rapport au système de soins de santé et les rendre particulièrement vulnérables aux méfaits pour la santé et aux problèmes sociaux, particulièrement durant une pandémie.11

Comme les données continuent actuellement d’apparaître, il est clair que la pandémie contribue à une augmentation de la consommation globale de substances parmi les populations vulnérables. Les jeunes sans-abri font état d’une augmentation de 69 pour cent de la consommation de substances depuis le début de la pandémie, et l’on observe une augmentation de 37 pour cent des surdoses au sein de cette population.12 En outre, les fermetures de services ont conduit les usagers de drogues illicites à des pratiques de consommation dangereuses, comme la consommation solitaire.13 Nous le constatons clairement grâce aux données indiquant que 75 pour cent des décès par surdose au cours de la présente pandémie concernent des usagers seuls, sans personne pour intervenir ou administrer la naloxone.14

Non seulement la pandémie et la crise de surdoses se recoupent avec les urgences de santé publique qui surviennent en Ontario, mais la COVID-19 exacerbe aussi les méfaits et expose les usagers de drogues à un risque accru d’effets négatifs sur la santé, notamment l’empoisonnement aux opioïdes. Nous savons que la crise de surdoses, conjointement avec la COVID-19, a une incidence disproportionnée sur les communautés marginalisées, contribuant ainsi à un nombre accru de décès. Les taux d’empoisonnement aux opioïdes sont plus élevés dans les communautés présentant une plus grande diversité ethnoculturelle et un statut socioéconomique inférieur. Cette situation est comparable à celle des communautés qui connaissent également des taux plus élevés d’infection et de décès par la COVID-19.15 Si l’approvisionnement imprévisible en drogues toxiques est le principal facteur, la distanciation physique, la perturbation des services et les protocoles d’isolement volontaire ont davantage accru les risques.16 Chaque région de notre province connaissait déjà cette crise de surdoses, et la COVID-19 n’a fait qu’accélérer le besoin de mesures et d’approches de rechange.

Il est crucial qu’en cette période de double urgence de santé publique, l’accès accru à une gamme d’interventions à faible barrière soit à la fois offert et accessible. Nous avons besoin d’une action immédiate de la part du gouvernement et du système de soins de santé pour éviter de nouveaux décès. Les interventions de prévention des surdoses, comme les modèles d’approvisionnement plus sûr, sont essentielles pour faire face au risque imminent de décès des personnes qui consomment des substances en Ontario. L’ACSM s’est engagée activement à répondre à la crise des opioïdes dans toute la province et appuie fortement les approches de réduction des méfaits. Nous appuyons également les programmes et les professionnels de la santé qui offrent un meilleur accès à des solutions de rechange plus sûres et de qualité pharmaceutique à l’approvisionnement toxique de la rue. Il est essentiel que les organisations et les professionnels de la santé se sentent soutenus et équipés pendant cette période. En outre, nous demandons instamment au gouvernement de l’Ontario de travailler avec les dirigeants de notre secteur pour veiller à ce que les services de réduction des méfaits soient accrus et qu’un soutien soit offert pour les prescripteurs et les organisations communautaires qui fournissent un approvisionnement plus sûr.

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